Le nudge est une méthode nouvelle, supposée douce, qui semble avoir une certaine efficacité, et qui respecte la liberté individuelle.
Elle repose sur les limites cognitives des individus et se propose de les rectifier.
Que peut-on bien lui reprocher ?
- De fait, dès son apparition, le Nudge a fait l’objet de critiques justifiées.
- On peut lui reprocher en effet son caractère (parfois) anecdotique (l’exemple des urinoirs par exemple), sa propension à orienter le sujet dans une direction sans que celui-ci en ait véritablement conscience (sommes -nous manipulés ?), le fait de considérer a priori également des préférences ou des attitudes qui seraient bonnes pour nous (de quel droit ?) [1].
Plus fondamentalement, le Nudge est limité car il postule que la rationalité est un idéal à atteindre. C’est une vision très duale de l’humain qui oppose, à tort, l’émotion à la raison.
Par ailleurs, l’effet d’un Nudge ne peut (en général) pas durer car il ne modifie pas profondément les comportements à long terme. Il n’éduque pas !
[1] Les nudges doivent « promouvoir les intérêts des gens, tels qu’ils les conçoivent ». Il est selon Thaler & Sunstein légitime « d’influencer le comportement des gens afin de les aider à vivre plus longtemps, mieux et en meilleure santé ». Les nudges reflètent (mais un peu vite) les « intérêts » et les préférences des individus. Les auteurs ne disent rien du caractère socialisateur des nudges, autrement dit sur la tendance qu’ont les nudges à modifier à moyen ou à long terme les dispositions ou les attitudes des individus. Exposer les individus à des nudges, c’est potentiellement modifier leurs attitudes à long terme.