“Valider” une expérience en psychologie (économique) peut vouloir dire deux choses différentes :
1. il faut tout d’abord s’assurer de la cohérence de l’expérience et de ses résultats, c’est ce qu’on appelle la validation interne.
2. d’autre part, on peut s’interroger sur l’intérêt des résultats obtenus en laboratoire au regard de ce que l’on observe dans la réalité. Ceci concerne donc la capacité de généralisation de l’expérience à la réalité, ce qu’on appelle la validation externe.
Du fait notamment de la présence de biais expérimentaux, un chercheur ne peut jamais avoir de certitudes sur la cohérence des résultats qu’il a obtenus dans son protocole.
Il peut cependant chercher à limiter au maximum la présence de facteurs (ou de variables) susceptibles de modifier à son insu les comportements des sujets. Il s’agit de renforcer le contrôle de l’expérimentateur sur le déroulement de l’expérience, ce qui favorise sa validité interne [1].
En sciences sociales, les deux types de validations (interne et externe) sont difficilement conciliables : plus vous contrôlez l’environnement, plus vous “enfermez” l’expérience dans un cadre abstrait et théorique, et moins celle-ci est représentative de la réalité des phénomènes qui sont étudiés.
Chaque domaine scientifique met ainsi l’accent sur un type de validation qu’il privilégie :
- En psychologie sociale ou cognitive, une prime est accordée aux enseignements issus de l’expérience, c’est-à-dire à ce que les résultats nous apprennent sur le fonctionnement réel des agents ou de la société (validité externe).
- En économie expérimentale, en revanche, l’accent est mis sur la cohérence de l’expérience (validité interne), l’un des objectifs étant notamment de confronter les prédictions théoriques des modèles (comme ceux de la théorie des jeux) avec les comportements observés en laboratoire.
- Avec le temps, cette frontière méthodologique tend à s’estomper comme le montre notamment l’engouement que les psycho économistes portent dorénavant aux études en milieu naturel (ou “field experiment” [2]).
[1] Par exemple, le contrôle est généralement inférieur dans une expérience en milieu naturel (plutôt qu’en laboratoire) où de nombreux évènements peuvent survenir par nature sans avoir pu être anticipés au préalable.
[2] Pour en savoir plus, consultez l’article de Steven Lewitt et John List, 2009, Field Experiments in Economics : The past, the present, and the future, European Economic Review, vol. 53.