L’économiste part du principe que nous sommes capables de nous maîtriser et de contrôler nos « passions ». L’individu rationnel est capable de différer un plaisir pour en obtenir davantage. De même, il ne procrastine pas : il ne remet pas au lendemain un travail dans le but d’éviter un effort immédiat.
Cependant, est-ce bien sûr ?
- Dans ce test effectué par une équipe de psychologues, de très jeunes enfants sont incités à repousser un désir intense (manger un marshmallow) de façon à obtenir une récompense (deux marshmallows au lieu d’un).
- Mais vont-ils y arriver ?
- Des travaux ont enregistré la durée pendant laquelle chaque enfant résiste à la tentation, et ont montré qu’une grande patience était synonyme de succès dans la vie professionnelle : une plus grande maîtrise de soi induirait plus de chances de réussir dans sa vie [1].
- Ce résultat a cependant été relativisé par une étude de Watts, Duncan et Quan [2] qui montre un lien plus faible entre la maîtrise de soi pendant l’expérience du marshmallow et la probabilité de succès futur.
- Pour les économistes, le test a beaucoup d’intérêt : il questionne la façon dont l’individu rationnel se confronte à son désir de consommation, à sa préférence pour le présent, à la façon dont il répond à une incitation.
[1] Dans l’excellent film d’Albert Dupontel, Second Tour (2023), le test du marshmallow est mis en scène : il permet à Mme Mercier d’écarter l’enfant ayant le moins de chances de devenir, comme elle le souhaite, son futur héritier.
[2] Watts T. W., Duncan G. J., Quan H. (2018). Revisiting the marshmallow test: A conceptual replication investigating links between early delay of gratification and later outcomes. Psychological Science, 29, 1159–1177.