La répétition

Il arrive très souvent dans les expériences économiques que les participants doivent accomplir la même tâche au cours de plusieurs périodes, afin de favoriser leur « apprentissage » par l’expérience.
  • Cette procédure de répétition (du jeu ou de la tâche) est justifiée par de nombreux expérimentalistes qui évoquent les opportunités d’apprentissage dans le monde « réel ».
  • La répétition permet également de corriger d’éventuelles erreurs initiales dues à une certaine « confusion » des participants au tout début du jeu [1].
  • Enfin, la répétition d’une tâche est conforme à la recherche des propriétés d’équilibre (du jeu) caractéristiques des modèles économiques. En économie, l’équilibre « naturel » s’instaure à long terme.
Dans certains jeux, comme le dilemme du prisonnier ou le jeu du bien public ou même le concours de beauté, on observe que le comportement des sujets est plus conforme à la rationalité au fur et à mesure que le jeu se répète.
  • La question se pose cependant de savoir si cet « apprentissage de la rationalité«  correspond à un processus cognitif réel ou s’il est le produit de la simple répétition du jeu ? Comme le souligne avec ironie George Loewenstein (1996) [2], ce genre de répétition à l’identique au cours d’une expérience n’est-il finalement pas comparable à l’attitude du héros du film américain de Harold Hamis, « Le Jour sans fin » (1993), qui revit indéfiniment la même journée !!

[1] L’argument de la confusion des joueurs est ainsi utilisée par les expérimentateurs pour expliquer que les comportements observés dans les jeux joués une seule fois ne sont pas conformes à la rationalité individuelle. Les participants n’auraient pas ainsi saisi d’emblée l’enjeu de la tâche…

[2] LOEWENSTEIN G., 1999, « Experimental economics from the vantage point of view of behavioural economics », Economic journal, vol. 109, p. 25-34.