Pour les psychologues sociaux, l’effet de faux consensus correspond à une tendance égocentrique visant à estimer le comportement d’autrui à partir de notre propre comportement [1].
- En résumé, nous aurions tendance à surestimer le nombre de personnes qui agissent comme nous ou qui, par exemple, pratiquent nos activités (sport, lecture, etc.), partagent nos préférences ou nos idées. [2]
En psychologie économique, l’effet de faux consensus joue sur la formation des anticipations.
Comment l’individu peut-il (ou non) anticiper le comportement des autres à partir de son propre comportement ?
- En l’absence d’information particulière sur le comportement d’autrui, l’effet de faux consensus est compatible avec l’hypothèse de connaissance commune de la rationalité [3] : chaque individu suppose que l’autre est rationnel et agira comme lui serait amené à le faire.
- En revanche, si l’individu dispose d’une information préalable sur le comportement d’autrui, et qu’il accorde davantage de poids à sa propre décision qu’à celle de tout autre membre de la population, le processus de révision de ses croyances est biaisé par rapport à la règle de Bayes.
- Comme dans le cas de l’erreur fondamentale d’attribution ou des biais cognitifs, pour limiter l’émergence du faux consensus, il est possible de jouer sur le contexte en rendant (plus) apparente l’information sur le comportement d’autrui ou en s’appuyant sur les mécanismes d’apprentissage.
[1] ROSS L., GREENE D., HOUSE P. [1977], The “false consensus effect” : An egocentric bias in social perception and attribution processes, Journal of Experimental Social Psychology, 13, p. 279-301.
[2] En psychologie, il existe également un effet “complémentaire” qui indique que nous sous estimons généralement le nombre de personnes qui partagent nos aptitudes (effet de fausse perception d’unicité).
[3] Une proposition est de connaissance commune dans une population donnée si elle est vraie, chacun sait qu’elle est vraie, chacun sait que chacun sait qu’elle est vraie, et cela jusqu’à “l’infini”. En théorie des jeux, l’hypothèse implique qu’un agent rationnel suppose que l’autre joueur est rationnel et ce dernier sait que l’agent est lui aussi rationnel, etc.