L’abbé de Mureau (1715-1781) fournit une première analyse remarquable de la psychologie économique basée sur la notion d’utilité.
Dans son célèbre « Traité des sensations » (1754), on passe successivement de la sensation au besoin, puis à la satisfaction, à l’utilité et enfin à la valeur. On passe, en somme, de la psychologie à l’économie.
D’après René Passet (2010, p. 233), on trouve chez Condillac, exprimé avec un siècle d’avance, « tous les grands principes sur lesquels s’édifiera l’école néoclassique, notamment dans sa version psychologique autrichienne, de la fin du XIXème siècle ». Un siècle avant la Révolution Marginaliste, un siècle avant Carl Menger (1840-1921).
- Toute l’analyse économique de Condillac repose sur une conception subjective de l’utilité-rareté. La valeur des choses se trouve dans l’aptitude à satisfaire les besoins des individus. Plus encore, l’utilité ne repose pas sur les propriétés intrinsèques des choses, mais sur l’opinion que nous en avons.
- À cela, il faut ajouter la notion de rareté qui détermine directement l’intensité du besoin que pourra satisfaire le bien. Ainsi, le prix qu’un voyageur acceptera de payer pour un verre d’eau diminue à mesure que celle-ci est abondante.
→ Bien avant les autres, Condillac donne la mesure de ce qu’aurait pu être une économie basée sur des hypothèses de comportement réalistes sans le détour par l’homo oeconomicus opéré bien plus tard par Léon Walras et Vilfredo Pareto.