Les économistes supposent que les individus sont mus par leur intérêt personnel. En bref, qu’ils sont égoïstes !
Voici une étude récente menée par des chercheurs français [1] qui vient contredire cette idée (trop) convenue !
- L’étude a cela de singulier qu’elle interroge la pratique de la réciprocité chez les Babouins de Guinée [2].
- Les babouins sont invités à participer librement à une tâche expérimentale. En entrant dans une cabine, ils ont accès à des écrans tactiles. Sur ces écrans tactiles apparaissent des images qui ont des effets différents.
- Deux singes sont côte à côte. Au « donneur » est offert le choix entre deux images : l’une récompense le « receveur » (le comportement est dit prosocial); l’autre non (le choix est égoïste).
Résultats : « quand ils ont le choix, les singes sont sympas » ! A 100% ils optent pour l’image qui récompense leur partenaire…
Plus intéressant encore, la seconde étude : cette fois, les donneurs ne sont pas récompensés directement… pour l’être, ils doivent bénéficier du choix prosocial d’un autre singe.
L’étude montre que les singes ont bien compris cette logique de réciprocité : ils adaptent leur comportement en fonction des interactions passées.
Ainsi, on observe 85% de réponses prosociales avec un partenaire précédemment prosocial, contre seulement 65% avec un partenaire qui ne l’est pas !
Quel enseignement tirer de cette expérience en primatologie ?
Tout d’abord, que les Babouins, ont des aptitudes à la réciprocité comme cela a été le cas, très probablement, de nos ancêtres ! Par ailleurs, d’autres études révèlent que les humains doivent leur survie, non à la défense de leur intérêt personne, mais davantage à leur capacité à la coopération et à l’entraide. Une idée (moins convenue) qu’il importe de rappeler : l’être humain est avant tout un homo cooperans.
[1] FORMAUX, Anthony, SPERBER, Dan, FAGOT, Joël, et al. Guinea baboons are strategic cooperators. Science Advances, 2023, vol. 9, no 43, p. eadi5282.
[2] Voir l’article du Monde pour une description plus complète du protocole.