En économie, on suppose en théorie que l’individu est uniquement à la recherche de son intérêt personnel, c’est-à-dire qu’il est égoïste.
Dans la Richesse des Nations (1776), Adam Smith fait de “l’amour de soi” la caractéristique centrale de l’individu qui participe à la logique du marché, devenant ainsi, malgré lui, le “champion de l’égoïsme” [1].
Dans l’absolu, rien n’empêche cependant un individu rationnel de tenir compte de la satisfaction des autres dans sa fonction d’utilité. Dans la plupart des modèles, cette hypothèse est exclue si bien qu’un individu rationnel est le plus souvent considéré comme égoïste.
Dans les expériences en laboratoire, de nombreux travaux ont cependant montré que l’individu tenait compte d’autrui et adoptait un comportement altruiste, réciproque, équitable ou même coopératif.
En somme, nous aurions des préférences sociales…
Imaginez par exemple que l’on vous propose de choisir entre les différents paniers suivants dans lesquels vous même et un autre participant anonyme gagnent des points :
Panier A : Vous 500 ; l’autre 100
Panier B : Vous 500 ; l’autre 500
Panier C : Vous 550 ; l’autre 300
- Pour le psychologue social, si vous choisissez l’option B, vous adoptez un comportement pro-social (l’utilité de l’autre compte pour vous).
- Si, en revanche, vous choisissez l’option C, vous privilégiez votre intérêt, votre comportement est individualiste et vous ne tenez pas compte des gains de l’autre.
- Si, enfin, vous choisissez l’option A, votre comportement est celui d’un compétiteur : ce qui compte pour vous, c’est de gagner davantage que les autres !
Alors, tous égoïstes ?
- En général, dans un test de ce type en psychologie sociale [2], 50% environ des participants se révèlent pro-sociaux, 35% sont individualistes, 5% compétiteurs tandis que 10% environ sont inclassables.
[1] Adam Smith ne perçoit pas l’égoïsme comme le fondement de la société comme l’illustre cette citation : « Aussi égoïste que l’homme puisse être supposé, il y a évidemment certains principes dans sa nature qui le conduisent à s’intéresser à la fortune des autres et qui lui rendent nécessaire leur bonheur, quoiqu’il n’en retire rien d’autre que le plaisir de les voir heureux », Théorie des Sentiments Moraux, 1759.
[2] voir Van Lange et al., 1997, Journal of Personality and Social Psychology, 73, p. 733-746.